
Nutrition
Guide en 6 étapes pour des conversations fructueuses sur la nutrition et la gestion du poids
Mise à jour de 2021 des lignes directrices de l’AAHA en matière d’alimentation des animaux stérilisés;
Donna M. Raditic, D.M.V., DACVIM (nutrition), nutritionniste vétérinaire agréée, Athens (Géorgie)
Publié le 1 mars 2024
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L’American Animal Hospital Association (AAHA) a récemment publié ses nouvelles lignes directrices, intitulées 2021 AAHA Nutrition and Weight Management Guidelines for Dogs and Cats.
Celles-ci vont plus loin que la version de 2014, qui se concentrait sur l’évaluation et la gestion du poids. Elles ont l’ambition d’aborder tous les thèmes nécessaires à une approche intégrée de la prise en charge diététique dans les soins primaires des animaux de compagnie. Le document présente les notions fondamentales du domaine de la nutrition.
La ligne directrice traite de la question complexe des communications avec les clients, et insiste sur les approches de formulation de recommandations efficaces et non critiques en matière de nutrition et les stratégies qui visent à favoriser l’observance par le client.

Les conversations sur la nutrition comportent trois aspects
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Les connaissances scientifiques ou médicales servent de base à une recommandation détaillée et nuancée en matière de nutrition.
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La manière ou l’approche utilisée au moment d’aborder la question de l’alimentation de l’animal de compagnie pendant la conversation avec le client constitue le processus.
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L’aspect subjectif des opinions et idées du client en matière de nutrition des animaux de compagnie. Les médecins vétérinaires ont tendance à se concentrer sur le contenu, mais il ne peut y avoir de discussion efficace sans une bonne maîtrise du processus et, plus fondamentalement encore, sans une prise en compte des opinions du client en matière de nutrition des animaux de compagnie. La réussite d’une conversation sur la nutrition débouchant sur de bons résultats dépend à cet égard d’une bonne compréhension de cet aspect subjectif. Il importe d’écouter et de comprendre les croyances et idées du client dans ce domaine et d’y réagir.
Une bonne conversation sur la nutrition consiste à formuler deux recommandations plutôt qu'une
La première recommandation décrit une décision en matière de soins de santé, et plus particulièrement en matière de nutrition. Un changement de régime est recommandé pour assurer une prise en charge proactive de la santé de l’animal ou à titre de traitement en présence d’un problème de santé lié à l’alimentation.
La deuxième recommandation porte sur le régime lui-même, et sur le produit commercial sur le marché qui répond le mieux au besoin déterminé par la décision en matière de soins de santé. Les médecins vétérinaires hésitent parfois à formuler cette deuxième recommandation, ou omettent de recommander un régime précis. Un sondage récent a montré que les médecins vétérinaires menant une consultation axée sur le bien-être sont les interlocuteurs les plus convaincants aux yeux des propriétaires d’animaux de compagnie lorsqu’il y a une conversation sur un éventuel changement à apporter au régime alimentaire de leur compagnon pour des raisons de santé.1 Les résultats du sondage laissent penser que les vétérinaires doivent avoir confiance en la réceptivité des propriétaires d’animaux à l’égard des recommandations qu’ils formulent au sujet du régime alimentaire de l’animal, surtout si la recommandation s’inscrit dans un contexte de discussion sur la santé de l’animal.
Marche à suivre détaillée pour formuler des recommandations en matière de nutrition:
- La manière d’amorcer une conversation qui comprendra une recommandation de santé animale relative à la nutrition;
- L’examen avec le propriétaire de toutes les options liées ou non à la nutrition;
- L’éducation des clients en ce qui a trait aux effets bénéfiques et aux risques liés à chaque option qui est proposée;
- La formulation d’une recommandation claire en matière de nutrition;
- La prise en compte des réactions du client à la recommandation, ses commentaires éventuels, etc.;
- La prise d’un rendez-vous de suivi avec le client après la mise en œuvre du changement de régime.
Il est possible d’utiliser ces étapes pour aider les équipes de soins à parler à leurs clients du besoin d’une alimentation spéciale conçue pour les chats et les chiens stérilisés. La stérilisation et la castration représentent un facteur de risque de surpoids ou d’obésité, voici quelques chiffres:
- 85% des chiens et 93% des chats sont stérilisés aux États-Unis2 ;
- 56% des chiens et 60% des chats aux États-Unis sont en surpoids ou obèses3;
- Sans intervention alimentaire, les chiens et les chats après la stérilisation présentent un gain de poids de 30% et 21%, respectivement.4,5
Appliquons donc les lignes directrices de l’AAHA de 2021 à ce grave problème de santé, le plus important lié à la stérilisation et à la nutrition. Tout d’abord, sur le plan des connaissances médicales qui servent de base à une recommandation détaillée et nuancée, il faut faire mention du fait que même si la stérilisation a des effets bénéfiques, nous savons que les chiens stérilisés multiplient par deux leur risque d’obésité, et les chats par trois6,7.
La non-production d’hormones sexuelles a deux effets sur le patient stérilisé qui jouent un rôle dans cette augmentation du risque de surpoids et d’obésité4 :
- On observe une réduction du taux métabolique, ce qui réduit les besoins caloriques journaliers de l’animal stérilisé9.
- Parallèlement, l’appétit augmente après la castration ou la stérilisation4.
Cette diminution du taux métabolique a été attestée. Elle signifie qu’il faut calculer une baisse de 30 % des besoins caloriques journaliers chez le chien stérilisé et de 24% chez le chat stérilisé8,9. Par ailleurs, l’appétit augmente parfois de 60% chez le chien après la stérilisation ou castration et de 23% chez le chat8-10. Ces changements physiologiques chez les animaux stérilisés produisent ce cocktail explosif d’un gros appétit chez un patient stérilisé dont les besoins en calories ont diminué.
Rappelons-nous qu’une bonne conversation sur la nutrition consiste à formuler deux recommandations plutôt qu’une. Dans le cas qui nous occupe, la première recommandation est la décision en matière de soins de santé, et plus particulièrement en matière de nutrition. Nous savons que la stérilisation ou castration de l’animal de compagnie l’expose à un risque accru de surpoids ou d’obésité. Un changement sur le plan de l’alimentation est donc nécessaire pour prévenir le gain de poids chez cette catégorie de patients. La deuxième recommandation porte sur le régime alimentaire lui-même, et sur le produit commercial sur le marché qui répond le mieux au besoin déterminé par la décision en matière de soins de santé. Il n’y a pas actuellement sur le marché de formule commerciale spécialement conçue pour les chiens et les chats stérilisés.
Selon les études publiées relatives à la gestion du poids, un bon régime alimentaire pour les chiens et les chats stérilisés aurait idéalement les caractéristiques suivantes:
- Un ensemble complet et équilibré d’ingrédients qui conviennent aux différentes étapes de vie, comme la croissance, la croissance chez un animal d’une race de grande taille et le maintien pour adultes;
- Haute digestibilité des protéines afin de fournir les acides aminés essentiels à la croissance et au développement ou au maintien d’une masse corporelle maigre;
- une forte teneur en protéines et en fibres pour favoriser un effet de satiété;
- une densité énergétique modérée à faible, en kcal/g.
Voyons Maintenant à quoi ressemble, dans la pratique, l'approche en six étapes basée sur les lignes directrices de l’AAHA de 2021.
L’enjeu est la manière pour les médecins vétérinaires et leur équipe de formuler des recommandations en matière d'alimentation des animaux stérilisés à l'intention des clients.

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Amorcer une conversation qui comprendra une recommandation de santé animale relative à la nutrition:
Cet élément ne pose pas de grandes difficultés. En effet, la stérilisation ou la castration sont deux interventions chirurgicales que tous les médecins vétérinaires connaissent bien. Pendant chacune de ces conversations, les médecins vétérinaires et leur équipe peuvent aborder la question d’une recommandation en matière de soins de santé axée sur la nutrition en expliquant par exemple : «Puisque nous parlons de la chirurgie de stérilisation ou castration, nous aimerions vous sensibiliser au fait que l’absence d’hormones sexuelles augmente parfois le risque de surpoids et d’obésité. Je vais vous expliquer les raisons du phénomène et ce que nous devons faire pour prévenir la prise de poids ou même l’obésité de votre animal de compagnie.» -
Examiner avec le propriétaire toutes les options liées ou non à la nutrition:
Les médecins vétérinaires sont des experts des conversations concernant les avantages et inconvénients de même que le moment idéal de l’intervention chirurgicale de stérilisation. Ils n’auront donc aucune difficulté à proposer aux clients les options idéales pour leur animal de compagnie. -
S’occuper de l’éducation des clients en ce qui a trait aux effets bénéfiques et aux risques liés à chaque option en matière de nutrition qui est proposée:
La conversation à cette étape donne des précisions sur le contenu ci-dessus et porte sur le patient stérilisé : l’augmentation du risque d’obésité, la nécessité de réduire l’apport calorique et l’intensification de l’appétit.
Si nous ne modifions pas le régime alimentaire et le plan quotidien des quantités de nourriture à donner, l’animal stérilisé risque de prendre rapidement du poids, ce qui peut mener à l’obésité. Il y a aussi des impacts financiers comme le coût d’un nombre plus fréquent de visites chez le vétérinaire en raison de maladies liées à l’obésité et le coût des mesures préventives et des médicaments à l’intention de l’animal en surpoids ou obèse. -
Formuler une recommandation claire en matière de nutrition:
À cette étape, les médecins vétérinaires et leur équipe expliquent au client qu’ils s’engagent à proposer un programme nutritionnel proactif afin de prévenir la prise de poids ou l’obésité chez son animal de compagnie après l’intervention de stérilisation ou de castration. Ils peuvent faire savoir au client qu’ils vont lui recommander un régime alimentaire précis afin de prévenir le surpoids et l’obésité. C’est aussi le moment de parler des caractéristiques d’un régime alimentaire adapté aux besoins de l’animal stérilisé. Il s’agira d’un plan de nutrition personnalisé. Le client a ainsi l’assurance qu’il peut compter sur le soutien du médecin vétérinaire et de son équipe. -
Prendre en compte les réactions du client à la recommandation, ses commentaires éventuels, etc.:
Comme les recommandations en matière de nutrition touchent la santé de l’animal stérilisé, le client ne manque pas habituellement de bien réagir à cette mesure proactive. Il peut être néanmoins utile de renforcer le message en disant : «Nous savons qu’il faut toute une équipe pour prévenir le surpoids et l’obésité chez les animaux de compagnie. Sachez que nous serons là pour vous épauler à toutes les étapes.» Vous pouvez ajouter : «Est-ce un plan de match qui vous convient? Avez-vous des questions ou des préoccupations dont nous n’avons pas encore parlé?» -
Fixer un rendez-vous de suivi avec le client après le changement de régime alimentaire:
Un membre de l’équipe vétérinaire doit faire un suivi auprès du client quelques jours après pour vérifier si le changement de régime se passe bien. Une consultation en télé-médecine est une bonne façon d’offrir des conseils pour remédier aux éventuelles difficultés et d’assurer la réussite de votre programme proactif de nutrition à l’intention de l’animal stérilisé.
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RÉFÉRENCES
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